Ta démarche onduleuse hiératique lente et lasse que tu as d'une chair nonchalante ta grâce hanteront pour longtemps ma mémoire. Tes reins mouvementés de souplesse féline dressent la vision d'une panthère noire qui bondit frémissante au fer des javelines...
Lire la suiteMARABOUT DE MON COEUR...
Marabout de mon cœur aux seins de mandarine, tu m'es plus savoureuse que crabe en aubergine. Tu es un afiba dedans mon calalou, le doumboueil de mon pois, mon thé de z'herbe à clou. Tu es le bœuf salé dont mon cœur est la couane. L'acassan au sirop qui...
Lire la suitePASSEPORT
Ils ne m’ont pas connu dans les ombres Qui absorbent mon teint sur le passeport Ils exposaient ma déchirure aux touristes Collectionneurs de cartes postales Ils ne m’ont pas connu Ne laisse donc pas Ma paume sans soleil Car les arbres me connaissent Toutes...
Lire la suitela grille en fer
Derrière la grille en fer, ce n'est pas le Jourdain Qui d'eau sourde arrose le petit jardin. C'est un instant d'air frais du matin C'est une brume douce qui court sur la mousse C'est le chant muet de l'herbe qui pousse. Derrière la grille en fer pas d'Abel,...
Lire la suiteNOTRE CHEMISE RAPEE
Son absence sera longue, livrée au froid dont la morsure, là-bas, en Occident, est de celles que nul ne supporte. O toi, la mère, rassemble donc toutes les couvertures de selle que tu pourras trouver et fais-lui tes adieux, ce gage déposé entre des bras...
Lire la suiteVagabonde
La courbe à l'horizon S'évase en copeaux frileux Absorbant la lumière pourpre De l'aube naissante Genoux à terre Je devine les troupeaux Aux épaules agglutinées Foulant l'ocre ensommeillée Arc tendu vers le ciel Regard traversant l'épopée Bruyante aux...
Lire la suiteAdieu à la Meuse - Jeanne d’Arc, A Domrémy (1897)
Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance, Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas. Meuse, adieu : j’ai déjà commencé ma partance En des pays nouveaux où tu ne coules pas. Voici que je m’en vais en des pays nouveaux : Je ferai la bataille et...
Lire la suiteL'HOMME BRISÉ
Garcia Lorca, détail du panneau droit du Triptyque espagnol d'Andrei Mylnikov (1979). Le vingt-cinq du mois de Juin, on vint prévenir Amargo ; Tu peux couper, si tu veux, les lauriers-blancs de ta cour. Peins une croix sur ta porte et mets au-dessous...
Lire la suiteNeiges
Et puis vinrent les neiges, les premières neiges de l'absence, sur les grands lés tissés du songe et du réel ; et toute peine remise aux hommes de mémoire, il y eut une fraîcheur de linges à nos tempes. Et ce fut au matin, sous le sel gris de l'aube,...
Lire la suiteCOURONNE DEHORS (Die Niemandrose)
COURONNE DEHORS, craché dehors dans la nuit. Sous quelles étoiles ! Seul l'argent du coeur-marteau battu à gris. Et la Chevelure de Bérénice, ici aussi, - j'ai tressé Je tresse, je détresse, Je tresse. Gouffre de bleu, en toi je repousse l'or. Avec lui...
Lire la suiteSaint John Perse, 1924, “Anabase”, section VIII
Lois sur la vente des juments. Lois errantes. Et nous-mêmes. (Couleur d’hommes.) Nos compagnons ces hautes trombes en voyage, clepsydres en marche sur la terre, et les averses solennelles, d’une substance merveilleuse, tissées de poudres et d’insectes,...
Lire la suiteROMÉO ET GINETTE
C’est des feuilles mortes qui s’accrochent Un pull-over pour deux qui s’effiloche C’est une cuisine dans la soumission de l’habitude Contre une envie de respirer des altitudes C’est une télé qui regarde l’amour en faillite, Du quotidien quand l’ennui...
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